Ségolène Royal impériale.
Il existe des moments où les responsables politiques nous réconcilient avec le discours et l'action politique. Cela s'appelle un moment de grâce. Un moment où le responsable politique semble connecté avec les citoyens par un canal à haut débit. C'est ouvert, c'est fluide, c'est clair, c'est concret. C'est ce que l'on attend d'un leadership politique pour la France.
Sur Xynthia:
Elle a rappelé qu'elle demandait de l'ordre juste dans les décisions publiques. C'est-à-dire le respect de la concertation et de la parole donnée.Une concertation avec l'ensemble des acteurs de terrain et par-delà les clivages politiques.
Sur le projet socialiste:
Elle l'a très clairement ébauché en montrant le volontarisme que doit avoir la puissance de l'état pour accompagner le processus de transformation écologique de l'économie. On ne doit plus concevoir un modèle de croissance qui détruit l'environnement cela semble évident pour la gauche dans son ensemble. Il faut donc favoriser les investissements pour une véritable politique industrielle de la croissance verte. Elle prouve avec Heuliez que c'est possible.
Sur les retraites:
Mettre TOUT sur la table. Tout c'est-à-dire toutes les pistes de financement, toutes les données informatives, toutes les exceptions fiscales, toutes les injustices sociales. Déjà commencer par ne pas déconnecter les retraites d'une grande réforme fiscale. Dire aux français qu'il faudra que tout le monde cotise en commençant par aller chercher des ressources dans les niches fiscales. Mettre la parité homme-femme sur le tapis. Et puis surtout être offensif sur le chômage car de fait moins de cotisations rentrent dans les comptes sociaux.
Enfin faire cette réforme dans la concertation pour trouver un consensus. Un consensus qui se fera sans recul des acquis sociaux si cette réforme se fait avec justice. Oui!
Sur son débat en 2007 face à sarko et sa colère pour les handicapés:
On a eu droit ce matin à l'intervention d'un auditeur pour qui Ségolène Royal avait fait honte à la gauche, je le cite, parce qu'elle se serait mise en colère sur les handicapés. Une colère larmoyante selon le compte-rendu de cet auditeur.
La réponse de Ségolène Royal fût là aussi impériale. Elle a répété, puisqu'elle l'avait déjà dit, que cette colère venait d'un mensonge éhonté proféré par Sarkozy en direct sur un sujet qu'elle connaissait particulièrement bien. Et elle a confirmé que face aux mensonges et aux manipulations des infos elle était légitime à pousser de saines colères devant tant d'injustice subies par une population en grande détresse sociale comme vient de le confirmer, en plus, un rapport explosif sur la situation vécue par les enfants handicapés dans notre pays. Comme quoi le jugement péremptoire de cet intervenant ne pouvait pas émaner d'une conscience de gauche et elle l'a parfaitement démontré. Oui aux saines colères devant l'injustice! C'est aussi ça être socialiste.
Sur le parti socialiste
Elle a rappelé d'abord que pour le moment elle n'était pas candidate. Au sujet des primaires elle a commencé par faire confiance à Arnaud Montebourg chargé de valider le processus en exigeant deux conditions préalables qu'elles soient ouvertes au plus grand nombre, et que la transparence des votes soit assurée. Deux conditions qui ne semblent pas indépassables pour un parti qui se dit démocratique. Ce serait même la base d'un succès populaire pour lui.
Face à la sarkozie médiatique
Enfin on a vu à l'œuvre donc la sarkozie médiatique ce matin par l'intermédiaire de Thomas Legrand, qui avait du prendre ses ordres de mission au Siècle, qui n'avait pour seule préoccupation pour les auditeurs de sa radio de rassurer les quelques édiles socialistes qui devraient concourir pendant la primaire face à Ségolène Royal, en exigeant que si elle est battue elle ne se présente pas en dehors du parti! C'est bizarre comme demande insistante non? Il n'y a pas plus gros problème au sein de ce parti que de savoir si Ségolène Royal respectera le processus des primaires? A croire qu'elle serait déjà battue et on lui demande formellement de le dire publiquement devant les français pour pouvoir ensuite le garder bien précieusement dans les archives.
Je ne crois pas qu'elle ait besoin de faire montre de sa loyauté vis-à-vis de son parti avec les avanies qu'elle a subie de sa part. Elle a toujours su faire passer l'intérêt général avant son intérêt particulier. Rappelons-nous la séquence de sortie des régionales où elle avait appuyée la première secrétaire qui n'en demandait pas tant... C'est donc gonflé d'exiger d'elle, soi-disant sous la pression de ses amis socialistes, qu'elle accepte déjà de perdre avec soumission. Ce Thomas Legrand aura été face à elle une caricature du journaliste politique qui prend ses ordres au Siècle. Est-ce qu'il l'est? Je ne sais pas mais c'était trop tentant de le pointer du doigt.
Ségolène Royal a donc été didactique, claire et offensive ce matin. Sur tous les sujets proposés. elle a fait montre d'une grande maîtrise et surtout d'une énergie qui devrait irriguer plus souvent le parti socialiste qui est parfois jugé trop mou face à Sarkozy. Ségolène Royal, elle, ne l'est pas et c'est ce que nous attendons de sa part. Nous n'avons pas été déçu.