La longue marche des éléphants.

Publié le par Asse42

Comme on le sait les éléphants sont des mammifères qui possédent une excellente mémoire. Ils n'oublient rien. Et les spécimens très particuliers du PS n'ont jamais oublié la gazelle qui leur est passée sous le nez.

Après la défaite de 2002 et le retrait de Jospin la voix est dégagée pour trois personnalités en situation de se positionner sur une candidature: DSK, Fabius, Hollande.
Ces trois personnalités vont agiter le parti. Non pas dans un débat d'idées bouillonnant ou en dotant le PS d'une perspective d'avenir, non. Ils vont agiter le PS à coups de manoeuvres politiciennes, de positionnement tactique, de coups fourrés, de petites phrases. Le point culminant sera le référendum européen. Hollande en gagnant le vote interne mais en perdant celui des français perd sa crédibilité de leader. Fabius en perdant le vote interne mais en gagnant celui des français apparait comme une alternative ancrée à gauche et DSK, lui, assume la légitimité du PS européiste.
On ne se retrouve alors plus qu'avec deux candidatures qui s'imposent. Fabius malgré qu'il ait fait campagne contre les militants de son parti conserve une aura en interne.

Seulement ce duo excite les appétits. Lang se verrait bien y aller et sera à l'origine des adhésions à 20 euros espérant ainsi attirrer les jeunes. Jospin envisage un come-back pour suppléer Hollande et pour ne pas laisser le champ libre à son éternel rival Fabius. La situation semble claire, les bélligérants sont en place, le scénario est écrit, que le film commence.
Mais dans ce film en préparation va surgir une personnalité inattendue. Ségolène Royal va totalement émerger de ce jeu mortifère en s'adressant directement aux militants. Elle décide de visualiser auprès des militants si elle peut envisager de présenter sa candidature. En commençant ses tournées on se rend compte d'abord que, loin des sunlights médiatiques, les salles sont pleines. Les militants se déplacent pour écouter ségolène Royal. Son discours percutant finit par faire mouche et boule de neige. Ainsi sa candidature s'affirme comme une évidence au sein du PS.

Stupeur des éléphants qui n'aiment pas se voir contrarier dans leur positionnement tactique. Surtout ils ne savent pas comment envisager la candidature de ségolène Royal. Leurs premières réactions sera de mépriser avec arrogance, puis ensuite de qualifier de créature médiatique qui aurait émergé en dehors du parti! Oui pour eux les militants sont en dehors du parti et ils ne comprennent pas pourquoi ségolène Royal n'est pas venue directement leur demander l'autorisation de se porter candidate. Et la bienséance alors?...
Mais en fin de compte la candidature de Royal finit par s'imposer comme une évidence parmi les militants socialistes qui la plébiscitent pour l'investiture socialiste. Un affront que les éléphants ne vont jamais lui pardonner.
La fracture entre elle et aux sera béante et rien ne pourra la refermer. pendant la campagne présidentielle elle essaiera parfois de les rassembler autour d'elle tout en constatant qu'il n'y avait aucune envie de le faire. Il y aura donc un jeu en clair obscur des uns et des autres avec comme corollaire principal le fait que ségolène Royal a fait une campagne quasi seule contre la machine sarkozyste.
Elle s'en est sortie de manière inattendue plus qu'honorablement ce qui irrite d'autant plus les éléphants qui pensaient s'en être débarrassée pour de bon. Ce ne sera pas le cas. Ségolène Royal a réussi à lever une espérance et a implanté son aura dans la vie politique française.

Ils savent donc qu'ils ne pourront pas l'éliminer immédiatement. Ils créent donc un consensus généralisé en repoussant le congrès au maximum escomptant une perte de popularité au sein du PS. Suffisant pour l'éliminer. Ils mettent dans leur pattes Delanoë en tant que grand favori des sondages et Jospiniste. Les courants Fabius et DSK choisissent eux une alliance, pour le moins hétéroclite, et cherchent leur candidat pour contrer ce duel prévu. Aubry émerge peu à peu mais elle est toujours loin derrière le duo infernal dans les intentions de vote. Mais plus le vote sur les motions approche plus elle se rapproche de Royal, passe devant même parfois, alors que Delanoë s'envole et tutoie les sommets de l'Olympe. Ca y est c'est plié. Que nenni! Au soir du 6 novembre contre toute attente c'est ségolène Royal qui sort en tête! Là toute la construction politique des éléphants s'écroulent. Eux qui avaient martelé qu'il fallait se rassembler autour de la motion arrivée en tête se voit contraint de tergiverser. Ils ne peuvent l'envisager ainsi. Ils cherchent donc le clivage qui fera la différence avec la motion E de ségolène Royal. Ils la trouvent au congrès de Reims, ce sera la question des alliances! Alors que tout le monde dit qu'il faut un parti fort, rassembler à gauche et accepter ensuite les voix démocrates, ils vont quand même rappeler l'épisode Bayrou de l'entre-deux tour de la présidentielle.
Sachant qu'une élection lors d'un congrès se gagne à gauche ils pensent enfin avoir trouver la talon d'achille de la motion E en essayant de la droitiser. Ils réussissent dans le même temps à faire émerger Aubry du magma et favorisent Hamon qui est chargé de prendre des voix à gauche pour les ramener ensuite vers Aubry. Le piège est en place.

Mais là encore oh stupeur! C'est encore ségolène Royal que les militants mettent largement en tête au soir du premier tour. La panique commence à gagner les éléphants. Hamon est prié de se rallier aussi sec à Aubry pour montrer aux militants que la dynamique de rassemblement est pour Aubry. Ce coup-ci ce devrait être la bonne. Commence alors le feuilleton de cette soirée électorale ubuesque où toutes les fédérations socialistes ont vu monter une envie de renouvellement autour de ségolène Royal sauf dans deux d'entre elle: La seine-martime (Fabius) et le Nord (Aubry) où là ségolène Royal ne gagne rien alors qu'un chouia aurait suffi... Le nord rendra son verdict bien après toutes les autres fédérations et malgré un score stalinien cela a failli ne pas suffire puisqu'au final l'écart ne sera que de 42 voix en faveur d'Aubry!

Ouf! l'honneur est sauf. L'honneur des éléphants bien sûr pour qui toute leur énergie s'est concentrée pour empêcher ségolène Royal d'asseoir son assise au sein du parti socialiste. Ce qui les aurait ringardisé définitvement et aurait contribué à renouveller profondément les équipes et le fonctionnement du PS. Ils auront donc tout essayé pour évincer ségolène Royal. Je ne vous ais pas parlé des insultes multipliées, des sous-entendus fascisants, des tentaztives de droitiser au maximum alors qu'elle représente profondément les vraies valeurs de la gauche jusqu'à la fraternité assumée et le respect des militants grâce à la démocratie participative. Malgré toutes les intox, toute la propagande contre elle , elle aurait du gagner hier! C'est dire à quel point elle s'est incrustée dans les esprits et combien les militants socialistes de base (les 135000 et sans les 20 euros vigoureusement écartés du scrutin) lui font quand même confiance pour l'avenir.

Voilà les éléphants s'arc-boutent maintenant sur leur victoire étriquée et semblent décider à ne faire aucun compromis avec l'équipe Royal. Logique puisqu'ils ont atteint leur but ils ne vont pas lui laisser la porte ouverte. Ils pavoisent même d'avoir gagner alors qu'ils se sont tous ligués contre elle et employer tous les moyens même les plus vils pour se faire. Le PS vient de se tirer une balle en plein coeur sous les yeux des français. Car comment maintenant recoller les morceaux? Il faudrait un effort considérable de part et d'autre pour accepter une co-direction du parti. Ce ne sera pas le cas vraisemblablement. On risque de rentrer dans des multiplications de procédure qui vont faire perdre encore une fois un temps considérable au parti socialiste et qui fait le bonheur de sarkozy. Ou bien Royal accepte sa défaite et se met ostensiblement en retrait de la nouvelle direction qui se met en place en choisissant de représenter une opposition constructive au sein même du PS tout en laissant la large coalition éléphantesque faire la preuve de ses capacités, ou non, à incarner le socialisme du XXI ème siècle
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