Ségolène Royal repart en campagne.
C'est donc officiellement aujourd'hui, si l'on peut dire, que Ségolène Royal a lancé sa campagne pour les primaires socialistes puis pour 2012 si tout se passe bien. Elle a commencé symboliquement par un déplacement en banlieue, à Cergy, montrant ainsi sa volonté de "visiter" de nouveau les quatre coins de France. Elle sait qu'une campagne c'est de longue haleine et qu'elle doit multiplier les déplacement sur le terrain. Vous trouverez sur le site officiel de DA toutes les dates prochaines de ses déplacements.
Elle ne sera pas toute seule. Il pourrait y avoir quelques postulants à l'investiture socialiste. Plusieurs sont déclarés comme Montebourg et Valls. On attend Hollande incessamment sous peu, peut-être JL Bianco qui n'a pas encore donné sa réponse, Fabius qui n'exclut rien comme d'habitude et soit Martine Aubry soit DSK. Cela pourrait faire une jolie foire d'empoigne au final mais c'est aussi cela la logique des primaires. Reste donc à bien la canaliser sur la forme pour éviter qu'elles ne dérapent en attaques ad hominem, et à valider un principe transparent et clair pour permettre leur déroulement dans une atmosphère apaisée.
Analyse des forces en présence.
En analysant les forces en présence de chacun on peut faire des suppositions alors que la campagne ne fait que débuter. Montebourg et Valls auront leur poids bien sûr mais pas suffisamment pour concurrencer les poids lourds du parti.
Parmi ceux-ci Hollande est l'outsider. En tant que premier secrétaire du parti pendant 11 ans il a pu le sonder de long en large et y creuser de solides amitiés. Il compte comme soutien nombre d'élus qui ont notamment soutenus Ségolène Royal en 2007 et il a un bon feeling avec les militants même si il lui manque quelque chose pour le transformer en vote. Les élus qui le soutiennent sont aussi, outre ses amis du premier cercle, des élus qui se cachent en attendant le sprint final. Ce sont des élus qui iront à la gagne car ils jouent aussi une carrière nationale ensuite. Ils n'hésiteront donc pas à changer de cheval en pleine course. C'est cela aussi la vie politique d'un parti de gouvernement et tout le monde le sait. Il n'empêche que pour le moment ces élus dans les médias n'hésitent pas à faire la promotion de Hollande.
Ségolène Royal est la favorite. Incontestablement, de par son expérience en campagne et de par son expérience tout court. Elle a pour elle une détermination sans failles et une vraie connaissance du fonctionnement institutionnelle du pays. Elle a toujours un impact populaire important qu'il lui faudra retravailler mais compte pour le moment un soutien discret de la part d'élus socialistes. Ceux-ci sachant combien cette candidature divisent à l'intérieur du parti ne peuvent prendre le risque de s'y arrimer trop visiblement...pour le moment. Le temps viendra si elle réussit à faire la différence.
Enfin reste l'inconnue mystère: qui de Martine Aubry ou DSK ira à la bataille? Et si parmi ce duo tous les deux renoncent on peut dès lors s'attendre à une candidature de Laurent Fabius dont le poids au sein de la direction solferinesque est important. Ne l'oublions pas il tire toujours quelques ficelles dans l'ombre. Sa grande faiblesse est son impact quasi nul dans la population. Sur ce sujet DSK et Aubry ne sont pas beaucoup mieux loti! Martine Aubry qui dirige le parti depuis trois ans ni a gagné aucune notoriété ni aucune légitimité supplémentaire. Elle ne s'est imposée en rien. DSK, lui, est propulsé par des sondages pharaoniques mais qui pourraient se crasher en se confrontant avec la réalité du terrain. Bref ce trio qui tient les rênes du parti a intérêt à ralentir suffisamment le calendrier pour espérer soit que les candidats déclarés commencent à se clasher entre eux, ce qui pourraient leur servir d'excuse pour mettre un terme au processus, soit pour apparaître comme le recours le plus raisonnable face à la situation de notre pays. Ils vont donc marteler comme seul programme qui tienne: "Mettons dehors Sarkozy c'est la priorité!" Ce sera le slogan qu'ils martéleront jusqu'à plus soif car pour cela il faudra donc l'unité du parti, et peut-être mettre fin aux primaires ou bien aller vers une primaire de confirmation pour DSK le sauveur suprême.
Voilà donc quelle est la situation, non exhaustive, actuelle au sein du parti. On ne sait pas encore bien quels rôles joueront les candidatures "annexes" (sans péjoratisme) telles que Montebourg, Valls, voire Bianco. Pour qui travailleront-elles au final? A qui se rallieront -elles? Nul doute que cela pourrait avoir un impact. Imaginons le cauchemer suivant, après 6 mois de campagne de primaires socialistes, Aubry déclare sa candidature. Aussitôt Montebourg puis Valls et enfin Hollande décident de s'y rallier considérant que c'est dans l'intérêt de notre parti de s'unir derrière la première secrétaire. Celle-ci pourrait trouver là un surcroît de légitimité suffisant pour contraindre Ségolène Royal a accepté de se rallier sous peine d'apparaître comme la diviseuse. C'est le pari ultime de cette direction qui va travailler en profondeur pour proposer des places au sein et aux autres et cela pourra peser fortement sur des futurs ralliements. On verra c'est à suivre. je n'ai pas encore parléd 'une candiature d'Hamon parce qu'il est encore prisonnier de sa fonction de porte-parole du parti mais nul doute qu'il jouera aussi un rôle dans ces primaires.
Dans tous les cas ces primaires vues par le prisme de Ségolène Royal vont être passionnantes à suivre tant elle part de loin et tant elle est encore une fois capable de renverser la table sur son chemin.