Ségolène Royal doit bousculer Solferino!

Bousculer ne veut pas dire diviser ou détruire. Bousculer c'est le réveiller, le confronter à la réalité, lui donner un sursaut d'énergie. A entendre les divers commentaires solferinesques on se dirigerait plutôt vers une autosatisfaction gage de statu-quo. Les uns et les autres rappellent en boucle que la victoire serait due à notre unité et en appelle donc à se rassembler bien sagement derrière le politburo solferinesque pour que rien ne change et ne vienne bousculer l'ordre établi. Cette analyse est très largement fausse. Les citoyens n'en ont rien à ... du PS! Ils veulent une alternative à Sarkozy et ils veulent qu'arrêtent les guerres d'égo. C'est tout. Ils veulent savoir si ils peuvent rêver à une autre alternative au sarkozysme en 2012. Ou pas. Alors le PS...
Et bien le PS parlons-en quand même. Il devrait commencer par regarder en face les résultats comme l'a fait l'UMP au soir du deuxième tour. Certes c'est une victoire pour la gauche mais une petite victoire. Parce qu'elle se fait dans un contexte lourd d'abstention et avec une montée du FN. Rien n'a changé depuis le siècle dernier on dirait. Seule la poussée des écolos qui ont remplacé le bloc communiste est une nouveauté. Mais c'est tout. La sociologie de l'électorat citoyen est quasiment la même lorsqu'il y a désintérêt pour la politique. La dernière mobilisation citoyenne s'est faite lors de l'élection présidentielle 2007, gageons que la prochaine devrait avoir lieu pour celle de 2012. L'élection présidentielle est l'élection mère, celle qui commande tout et qui donne l'impulsion d'avenir pour le pays. Donc ne nous voilons pas la face et commençons très sérieusement à l'envisager avec lucidité au PS.
La victoire des régionales ne résout absolument pas le leadership de notre parti. Martine Aubry n'a rien apportée en plus pour la victoire et je serais même tenté de dire en moins. Si l'on parle des retraites, du droit de vote des étrangers, du cas Frêche on ne peut pas dire que notre première secrétaire ait montrée un soucis d'unité au PS. Bien au contraire.
La victoire des régionales remet en selle dans l'esprit des militants Ségolène Royal. C'était la seule leader national engagée dans cette élection et elle les remporte brillamment. Faisant ainsi la preuve que sur son territoire elle a fait valider sa politique par la preuve et rassembler largement au-delà du PS et de la gauche. Si on veut faire la comparaison avec le Nord Pas-de-calais, région traditionnellement de gauche et socialiste, alors la balance est nettement déficitaire pour Mme Aubry. Sa présence dans le Nord n'est pas un gage de réussite pour le socialisme.
Mais le pire dans tout cela c'est que nous n'avons toujours pas réglé la blessure de Reims. Pour nombre de militants socialistes cette direction incarnée par le trimuvirat Aubry-DSK-Fabius n'est pas légitime. Elle s'est nommée elle-même par dessus le vote des militants et cela n'a pas été accepté. Comment voulez-vous apaiser le parti si vous ne réglez pas les problèmes? Alors entendre les appels à l'unité et faire croire que rien ne changera pour le plus grand bonheur des citoyens est un enfumage que nous n'accepterons pas. La priorité devrait être de régler notre leadership pour 2012 et donc organiser rapidement des primaires, au moins socialistes, pour désigner notre personnalité candidate. Et le faire démocratiquement bien sûr...
Je pourrai dire pour analyser en profondeur le résultat de ces élections que c'est une victoire pour le parti socialiste, même petite, mais pas encore une victoire pour le socialisme. Celui-ci n'est pas encore considéré comme crédible par l'ensemble des citoyens et s'est même éloigné de la jeunesse et des classes populaires. Sauf en Poitou-charentes où Ségolène Royal est parvenue à garder un lien. Dans un océan d'abstention ce lien est énorme. Et c'est sur cela qu'il devrait interroger si la volonté est de faire gagner le socialisme. Mais j'ai bien peur que nombre de barons, d'élus, songent plutôt à faire gagner le parti socialiste pour 2012. Tout le monde veut sa place sur la photo et peu importe notre programme au fond. Faire croire que le socialisme d'avenir serait celui présenté par DSK montre que tout repose désormais sur des sondages que l'on sait manipulés et sur une propagande médiatique en faveur de personnalités politiques.
La seule personnalité en capacité de faire exploser ce schéma mortifère pour le socialisme d'avenir est Ségolène Royal car elle a gardé un lien populaire très fort et qu'elle vient de faire la preuve de la cohérence de sa politique. L'abandon de la taxe carbone par ce gouvernement donne quitus a-posterioiri à Ségolène Royal de s'être levée toute seule, en bravant la sarkozie, contre cette taxe inepte. Cela s'appelle du courage politique, de la cohérence et du respect des citoyens. Pour la réussite du socialisme d'avenir tout repose donc sur les épaules de Ségolène Royal et de quelques autres courageux. Qui seront-ils? Oseront-ils braver le politburo solferinesque? Prendront-ils le risque d'affirmer leurs idées? Parviendront-ils à se regrouper pour créer une force? C'est tout l'enjeu de la séquence politique qui s'ouvre. Le résultat sera la mise en oeuvre des primaires rapides ou non. Il en va de la survie du PS.
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