Le coup de maître de Ségolène Royal.

En allant à Dijon Ségolène Royal a parfaitement réussi sa séquence politique qui consistait à la remettre au coeur de son courant politique. Celui qui l'avait porté lors du congrès de Reims. Oui au coeur de son courant puisque celui-ci subissait une dérive interne consistant à le verrouiller vers d'autres ambitions plus aléatoires, plus floues, dont on ne savait pas exactement pour quel objectif. Or les militants qui font vivre ce rassemblement veulent continuer à faire vivre l'espoir à gauche avec Ségolène Royal. Pas sans! Il a donc fallu que Ségolène Royal se déplace personnellement à Dijon pour reprendre la main sur son propre courant et montrer que c'est toujours elle qui incarne le leadership et personne d'autre. Au vu des cris d'orfraie et des insultes venant de la propre bouche de l'animateur principal, Vincent Peillon, on comprend qu'il était plus que temps de remettre de l'ordre dans EAG.
La politique c'est un combat d'idées mais c'est aussi un combat de position. Position dans la sphère médiatique, dans la sphère politique, dans la sphère populaire. Et dans ces trois dimensions ce fût une véritable réussite pour Ségolène Royal.
Dans la sphère médiatique il lui fallait répondre à la tentative d'isolement voire de banalisation qu'essayaient d'insuffler les médias à son endroit. En faisant passer le message qu'elle était isolée les médias voulaient montrer qu'il était temps qu'on l'écarte du paysage politique comme pour mieux permettre l'hallali et la fuite des "amis". Or en revenant vigoureusement au coeur de son courant elle a montré qu'elle était toujours présente, qu'elle avait toujours des amis et que rien ne se ferait sans elle.
Cela a débordé dans la sphère politique. En rappelant à tout le monde que la leader c'était elle, que le rassemblement nombreux des militants se faisait autour de son nom et de son soutien, elle a clairement remis les idées en place à tout le monde. Si EAG existe c'est autour de Ségolène Royal d'abord et surtout.
Enfin dans la sphère populaire elle a montré qu'elle n'abandonnait pas ses militants, qu'elle ne se désintéressait pas de ce qui se passait au sein de son courant socialiste et qu'elle entendait garder la main pour la suite. Rassurant du même coup ses partisans.
Sur toutes ces dimensions son déplacement fût une réussite. Maintenant il restera à gérer la dimension égotique de la politique qui est au coeur même de l'engagement politique. Si on s'engage en politique c'est pour attirer vers ses idées. C'est donc un engagement égotique et pour se faire il faut être capable de faire des "coups médiatiques" comme semblaient le regretter Peillon. Pourtant celui-ci participera bien à une émission de pipolitique non? Alors où est le coup médiatique et où ne l'est-il pas? Ce jugement péremptoire de Peillon est symptomatique des aigris qui se sont fait devancer par Ségolène Royal pendant la primaire. Faire une conférence de presse sur les véhicules électriques est-ce un coup médiatique ou a-t-il aussi une résonnance plus large? Peillon a tendance à amalgamer toutes les conférences de presse pour du vent médiatique. Facile et insultant à la fois. Il devra se ressaisir s'il ne veut pas être marginaliser.
Ségolène Royal quant à elle, parvient à se remettre dans le jeu avec classe et détermination. Sans insultes et sans arrogance. Il faut parfois savoir agir en leader pour se faire respecter sinon on se fait écraser. C'est ça aussi la dure loi du combat politique et Peillon l'aura appris à ses dépens.