La démocratie en Iran comme au PS?

Le parti socialiste s'indigne des conditions démocratiques de l'élection présidentielle en Iran. Voici ce qu'en dit Jean-louis Bianco grand spécialiste des relations internationales et de l'Iran en particulier:
Iran : “Coup d’État électoral” ?
16 juin 2009
Voici la question que j’ai posé cet après-midi à l’Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement :
"Ma question s’adresse au Premier Ministre et concerne l’élection présidentielle en Iran.
La campagne électorale, observée par le monde entier, avait suscité beaucoup d’espoirs.
On a pu assister à de véritables débats à la télévision. Une exceptionnelle mobilisation populaire a témoigné de la vitalité de la société iranienne.
Mais jour après jour, heure après heure, les informations se multiplient sur l’existence de graves irrégularités, systématiquement organisées, qui enlèvent toute légitimité au candidat proclamé vainqueur : pressions physiques sur les électeurs, absence de bulletins de vote, fermeture de certains bureaux de vote, empêchements faits aux jeunes de voter, remplacement des fonctionnaires chargés de collecter les résultats par des miliciens islamiques, les bassidji.
Le régime semble traverser la plus grave crise de son histoire. Même des éléments du clergé commencent à prendre position contre le résultat officiel.
Dans cette situation, que devons nous faire ?
Je peux comprendre une hésitation initiale, fondée sur la difficulté d’imaginer une fraude aussi énorme et surtout dictée par le souci de ne pas donner de prétexte aux autorités iraniennes pour refuser la main tendue par le Président Obama.
Mais aujourd’hui la prudence diplomatique est elle encore de mise ? Ce n’est pas l’assurance que le Conseil des Gardiens de la Révolution est prêt à recompter les voix qui peut donner de grandes espérances. Monsieur le Premier Ministre, la France ne peut plus se contenter de se déclarer « profondément préoccupée » et de demander que « toute la lumière soit faite sur les résultats de la présidentielle ».
La France doit bien sur exiger l’arrêt des violences, le rétablissement de la liberté de la presse, iranienne et internationale, y compris la liberté d’accès à internet. Mais aujourd’hui devant ce qui apparaît comme un « coup d’Etat électoral », ne doit-elle pas aller plus loin et dire haut et fort qu’aucun dialogue ne sera possible avec l’Iran tant que ne sera pas établie la vérité du résultat des élections ?"
Le parti socialiste s'interroge donc sur les conditions démocratiques de l'élection et conteste donc la légitimité de l'élu. Cela rappelle, toutes proportions gardées bien sûr, la désignation de Martine Aubry au poste de première secrétaire du parti socialiste. Alors que des irrégularités ont été prouvées, que l'ensemble des français a vu que le vote n'était pas clairement démocratique, cela n'a pas empêché le bureau socialiste de valider cette élection comme si de rien n'était. En s'asseyant sur la démocratie militante et la considérant ainsi comme étant "à la marge", le PS s'est discrédité largement. Il devrait méditer la politique par la preuve, il ne peut demander aux autre ce qu'il ne pratique pas lui-même chez lui. Comme les USA qui dénoncent l'autoritarisme du régime iranien en évitant de pointer que les USA sont pourtant un pays où il y a le plus de condamnations à mort dans le monde et qu'il a légalisé la torture après 2001! Alors quand les démocraties veulent donner des leçons au monde, elle se doivent elles-mêmes d'être exemplaire et c'est loin d'être le cas. C'est la condition sine qua non de la crédibilité retrouvée dans un monde où les citoyens sont de mieux en mieux informés.