Du bon usage du machiavélisme en politique.

Machiavel est le penseur incontournable lorsque l'on pense politique, stratégie, communication politique, déstabilisation de l'adversaire, utilisation des événements. Aucune personnalité politique ne peut ignorer les bases philosophiques de la pratique politique posées par Machiavel.
On peut interpréter Machiavel selon son usage et c'est en cela qu'il est intéressant et même fondamental dans l'analyse politique.
On peut choisir de s'en tenir aux termes guerriers de "la fin justifie les moyens" (même s'il ne l'a pas écrit explicitement) ou de "formatage du peuple pour garder le pouvoir". Si l'on s'en tient à ses grands principes de la fortuna ( événements qui passent) et de la virtu ( la vaillance de l'action) on peut être un bon stratège politique. On peut même choisir de les utiliser jusqu'au bout en les exploitant au maximum. Mais lorsqu'on le fait alors on tombe dans l'excès et dans un autre grand principe philosophique: l'excès est l'ennemi du bien. A partir de là toute l'exploitation du machiavélisme se fait en accentuant son côté négatif et justifie ainsi son sens courant: le machiavélisme.
Ce n'est pas une fatalité. On peut utiliser le machiavélisme dans un sens plus positif en gardant à l'esprit son sens profond qui n'est pas "formatage du peuple" mais "éducation du peuple". Alors le machiavélisme peut déployer son sens positif et l'on peut mieux comprendre alors les outils indispensables de la bonne pratique politique. Lorsqu'il nous dit que le leader politique doit savoir user de la force pour résister aux emportements du peuple, on peut mieux l'appréhender si on a conscience que l'objectif est de libérer le peuple de ses peurs, de ses démons, par l'accès au savoir, à la connaissance. Source de la liberté individuelle.
Le bon usage du machiavélisme se conçoit donc suivant l'objectif à atteindre. Si il s'agit d'accéder au pouvoir et de le garder par tous les moyens alors son usage est négatif. Si il s'agit d'accéder au pouvoir pour permettre aux citoyens de se libérer par la connaissance alors c'est un usage positif pour la société humaine.
A ce stade je ne peux m'empêcher de comparer les pratiques politiques des deux leaders politiques français qui se détachent des autres et qui font grand usage du machiavélisme.
L'un, Nicolas Sarkozy, exploite tous les outils pour accéder au pouvoir et pour le garder. Cela va de la propagande personnelle à la destruction de ses adversaires. Il utilise à merveille le machiavélisme en exploitant au maximum les événements politiques qui passent et qui cautionne le mensonge pour arriver au pouvoir. C'est concevable si la finalité de son action politique est le bien-être des citoyens. Est-ce le cas pour Sarkozy?
L'autre, Ségolène Royal, exploite à merveille aussi le machiavélisme en sachant saisir les événements politiques qui passent. Elle sait agir au bon moment ce qui donne l'impression qu'elle fait des coups de communication politique continuels. En fait elle exploite à fond le machiavélisme. Mais sa finalité me semble être tout autre que celle de Nicolas Sarkozy. D'ailleurs pour les rieurs il suffit de comparer leur action politique une fois aux responsabilités. C'est très parlant. Elle parle constamment d'éducation citoyenne, d'élever le peuple, d'intelligence collective. Ségolène Royal n'a pas peur du peuple contrairement à Sarkozy qui cherche à le formater, le modeler, pour le contraindre, l'endormir, l'enfermer.
C'est pourquoi je ne peux pas être d'accord avec Vincent Peillon, et d'autres, qui cherchent systématiquement à les mettre dans le même panier. Certes ce sont deux redoutables adeptes du machiavélisme, les meilleurs à l'heure actuelle, mais l'un est machiavélique, l'autre est machiavélienne.